Statement
Je peins pour rester en vie.
Chaque image naît d’une nécessité :
donner forme à ce qui persiste quand tout s’effondre.
Mon travail vient d’un lieu intérieur fracturé, très tôt,
et d’une volonté physique de transformer la mémoire en espace.
Pas pour raconter : pour faire surgir ce qui reste,
ce qui insiste, malgré tout.
Je peins des architectures brisées, des couloirs sans issue,
des pièces où l’extérieur s’invite comme une intrusion.
J’ai compris un jour qu’un lieu peut devenir un piège,
que les murs peuvent se refermer plus vite que la pensée.
Depuis, je rouvre ces espaces autrement :
en les pliant, en les renversant, en les dépouillant de leurs certitudes.
Ma technique s’inscrit dans une tradition lente, héritée des Vénitiens :
construire, laisser sécher, revenir.
Chaque couche est une excavation.
Ce que je cherche : un impact mémoriel.
Un point de non-retour.
Peindre n’est pas, pour moi, un geste esthétique.
C’est un acte de suture, de reformulation.
C’est reprendre possession de ma vie.
